Pronto!
Cela fait quelques années que je m'approvisionne à la coopérative Latte Cisternino car on y trouve à un prix raisonnable (pas d'inflation depuis 5 ans) tous les classiques de la cuisine italienne, du moins, ceux identifiés par le Français : mozzarella check, parmesan check, jambon de Parme check, pastas check, lambrusco check et tutti quanti.
Seul bémol ? Ça se bouscule souvent au portillon et en bonne Parisienne-d'adoption-toujours-pressée que je suis, je n'aime pas faire la queue.
Du coup, j'use exclusivement de mon passe-droit.
En tant que cliente fidèle et supra-sympa, j'ai le privilège d'avoir le 06 de Sebastiano. #Héhé
Donc, je lui multi-textote ma commande (son portable ne lit pas les MMS #hommedesannées80), il me la prépare et c'est le rapporteur (dont l'employeur a eu la bonne idée d'installer ses bureaux à proximité) qui la récupère.
On appelle ça le commerce triangulaire !

La dolce vita.
Et puis un jour, j'ai décidé de prendre le temps. J'ai aussi réalisé que je n'avais mis les pieds que deux fois à la boutique et que je commandais toujours la même chose faute de connaître vraiment l'offre.
Pour remédier à ça fissa, un stage d'immersion rue Godot de Mauroy s'imposait.
Une heure me semblait alors largement suffisante pour dresser l'inventaire avec Sebastiano et en apprendre un peu plus sur ce Rital qui semble faire partie des murs...

Une bonne tranche de vie made in Italy.
J'y reste une matinée entière marquée par le flux continu de fidèles clients et ponctuée par les visites de courtoisie des voisins commerçants.
Finalement, j'observe plus Sebastiano que je n'échange avec lui. Il faut dire qu'il est au travail et qu'il y a peu de temps mort.
Alors pendant qu'il tranche fin (et chante mal), je taille une bavette avec le chaland.
Les uns me dévoilent leurs produits préférés me notifiant au passage leur existence (le finocchiona, sorte de salami à la graine de fenouil ; le fromage de brebis au piment ; les ciambelline al vino, des biscuits qu'on trempe dans du vin...), les autres leurs recettes.
Une dame me souffle les correspondances pâtes-recettes. Je résume :

  • les pappardelle se marient avec du gibier,
  • qui dit tonnarelli dit cacio e pepe (recette que j'ai découverte à Rome et que je refais souvent à la maison tellement c'est simple et bon),
  • les orecchiette s'accompagnent d'une sauce à l'ail et aux brocolis bouillis et
  • les trofie s'associent au pesto.

Un moment, je doute même être à la câpitâle tellement cette matinée est riche en partages.
En partant avec sa burrata sous le coude, un monsieur me cite Cocteau : Les Italiens sont des Français de bonne humeur.
Il ne croit pas si bien dire. À mesure que l'heure tourne, la clientèle mute.

Chi va piano va sano e va lontano.
Vers midi débarquent les salariés venus se ravitailler pendant leur pause déjeuner. Ça s'impatiente dans les rangs.
Fidèle à lui-même, le very relax Sebastiano reconnaît ses habitués et s'applique à la tâche.
Il est temps pour moi de filer mais pas avant de partager avec lui cette info majeure : Psst, t'sais que l'article sur la coopérative Latte Cisternino figure dans le top 3 des posts les plus lus sur mon blog ? Obligé que je t'ai apporté des nouveaux clients !.
Et Sebastiano de me répondre : T'sais que je reconnais ceux que tu m'envoies ? Ils scrutent d'un air entendu le lierre et se bouchent les oreilles quand je chante ! Je ne sais pas si je dois te remercier, tu me donnes plus de travail !
Quel numéro ce Sebastiano !